Content que ça vous plaise
La suite donc !
Du coup en 2003 j'avais une voiture en état de rouler que j'avais emmenée fièrement au contrôle technique et revenue apte à la circulation sans contre-visite. Outre la rénovation des freins, le changement de châssis, j'avais aussi racheté des phares tous neufs à l'avant car ils étaient piqués de rouille. J'avais donc 2 beaux phares halogène qui surprenaient tous ceux qui montaient avec moi et qui connaissaient un peu les 2CV la nuit (surtout ceux qui ont connu les 6V et ensuite les 12V en phares jaunes).
Je suis rentré en prépa en septembre 2002 et dès que ma deuche fut prête, j'ai pu me rendre à Chambéry avec. Oui je me faisais régulièrement Carpentras-Chambéry en 2CV ! C'est là que je me suis rendu compte que le moteur perdait pas mal d'huile car sur le trajet (sans autoroute) je remettais environ 0.5 à 1L d'huile ! Il s'est avéré que c'étaient les joints "lunette" des tiges de culbuteur qui étaient nazes. J'ai donc fini par acheter une pochette de joints dans le but de refaire tout ça quand j'aurai un peu de temps, sachant que j'avais ce 2e moteur chez mes parents prêt à être monté. Cependant avant de vous narrer l'anecdote relative à ce changement de moteur, j'en ai 2 autres bien gratinées.
Ces trajets réguliers ont été l'occasion de rencontrer tout un tas de plus ou moins gros problèmes.
Mon premier départ si je ne me trompe pas avec la 2CV vers Chambéry a été très drôle. En effet tout content de moi que j'étais, je prends la direction de Chambéry tranquillement (en même temps en 2CV même si je voulais bourriner... enfin bref) et même pas 4km après être parti je me tape une coupure moteur. Pas de panique je m'arrête au bord de la route et surtout je n'appelle pas mes parents : vous imaginez la honte, je leur ai bourré le mou pour partir en deuche en insistant comme quoi elle est fiable et tout ça, et là je suis arrêté au bout de 5min de trajet ? Donc comme un con au bord de la route. Heureusement mes expériences passées et mon curseur scolaire m'aident bien dans ce genre de situation. En effet, outre les changements de châssis et remise en route de moteur, j'ai fait un bac STI génie mécanique automobile, du coup la recherche de panne je connais et c'est encore très frais dans ma tête. 1ère chose à chercher quand ça marche pas : l'alimentation en énergies ! J'ai trouvé tout de suite qu'un fil s'était débranché de la bobine car la cosse est fatiguée. Qu'à cela ne tienne, j'ai ma trousse à outil spéciale 2CV dans le coffre (dont un outil maison pour régler les excentriques de frein tellement je suis prévoyant) donc je me fais une petite réparation de fortune mais suffisamment solide pour faire la route et hop c'est reparti sans soucis.
Comme je le disais je devais aussi contrôler le niveau d'huile régulièrement à cause de la fuite. Ça m'a conduit à une autre anecdote qui m'a aussi bien fait flipper sur le coup mais ça n'a pas duré. Je ne sais pas si vous voyez comment est foutu le système de remplissage d'huile d'une 2CV mais du coup voici une photo (là c'est sur une Dyane mais c'est pareil) :
Le capuchon ferme de façon assez basique mais plutôt bien, sauf que comme il reste accroché (vu qu'il est sur charnière), on peut bêtement le rabattre sans le verrouiller. Vous imaginez la suite... A mi-chemin après avoir remis de l'huile, j'attaque une côte. Je trouvais que ça ramait pas mal, puis je trouvais aussi bizarre que tout le monde me klaxonne. Je sais que je suis lent en côte, mais les gens le savent aussi et généralement ils doublent sans klaxonner. D'un coup je regarde dans le rétro et je vois un nuage de fumée derrière
Ni une ni deux je m'arrête immédiatement dans un petit chemin d'accès à une ferme (il tombe pile poile celui-là) et je coupe le moteur. J'ouvre le capot et là, surprise ! L'intérieur est noir et gluant. Ben oui, monsieur l'abruti a oublié de refermer le reniflard de remplissage d'huile, du coup j'ai tout crépi !
Je ne me démonte pas et je remets de l'huile tout de suite à peu près au niveau (je suis en pente donc j'en remets pas trop) et je descends à la ferme en contrebas pour voir s'ils ne pourraient pas m'aider à nettoyer un peu. Pas de soucis, le fermier me prête le jet d'eau et j'en mets un grand coup sur le moteur (ça a pas mal duré et il n'était plus chaud bouillant je vous rassure) pour le décrasser tant bien que mal sans produit à l'eau froide. Je remercie ces braves gens et je reprends ma route jusqu'à Chambéry. Encore un souvenir comme dirait Carmet.
Le gag c'est que je n'ai jamais viré la mousse isolante et insonorisante sous le capot (surtout à cause du 2e point car c'est finalement assez efficace pour limiter pas mal de vibrations) du coup j'ai eu très longtemps de l'huile qui dégoulinait de la mousse
Venons en à ce changement de moteur. Rodé suite à 2 changements de châssis sur des 2CV, cette opération ne me faisait pas peur d'autant que c'est de toute façon très simple et sans outillage spécifique. On a donc fait ça un week end avec mon frère qui était là je ne sais plus pour quelle occasion (peut-être des vacances tout simplement). Opération réalisée sans problème en un après-midi. J'ai alors repris la route le dimanche direction Chambéry. Aucun soucis à signaler sur la route, je connais le trajet et tout se passe comme prévu. Cependant en arrivant à Chambéry je sens un truc qui cloche dans la conduite mais je n'explique pas vraiment quoi. En effet lors des freinages et surtout suite aux dos d'âne en ville, j'ai l'impression que quelque chose bouge d'avant en arrière et que c'est assez gros vu que je le ressens dans le volant mais que je n'entends rien pour autant. Je rentre chez moi tranquillement en faisant attention et avec cette sensation étrange. Il fait nuit donc ce n'est pas le moment de regarder ce qui se passe je n'y verrai rien.
Le lendemain soir après les cours, je jette un œil à ma voiture pour essayer de comprendre ce que c'est que cette sensation en allant refaire un tour du quartier. Je finis par comprendre ce qui se passe : c'est tout l'ensemble boîte moteur qui bouge aux freinages et accélérations
La cause est simple, quand nous avons remonté le moteur (qui se sort avec la boîte c'est plus pratique), nous avons oublié de serré un des écrous qui fixent la boîte sur le silent-bloc, résultat l'écrou en question (d'une taille bien spécifique en plus) s'est simplement dévissé et est tombé. Dans mon malheur j'ai une chance inouie de retrouver l'écrou dans le châssis qui fait comme un logement à cet emplacement ! Sur la photo suivante, on voit le châssis nu avec la demi-lune où mon boulon est tombé (on voit l'avant du châssis sur la photo, et on peut voir la traverse qui est légèrement enfoncée pour laisser passer le bas de la boîte de vitesse) :
Voilà la fixation de la boîte de vitesse et le silent-bloc :
Pour démonter le moteur et la boîte, il suffit de dévisser les écrous (pas complètement) et de soulever l'ensemble puis l'emmener vers l'avant. Seulement on ne voit pas sur cette photo que normalement il y a la caisse à cet endroit, il est donc impossible de dévisser entièrement les boulons (mais ils restent très accessibles) à cause de leur longueur (et de toute façon c'est inutile vue la forme du silent-bloc). Mais pourquoi je précise ça ? Simplement parce que là le boulon est tombé avec les vibrations, mais que du coup moi avec mes petits bras, je suis incapable d'aller le remettre, je n'ai pas assez de force à bout de bras pour le remettre en place ce maudit boulon (c'est accessible facilement avec une clé pour dévisser ou visser, mais pas assez pour le mettre en place s'il s'est enlevé, à cause de la caisse) !
J'ai tenté pas mal de choses, mais impossible de remettre ce maudit boulon. Finalement en fin de journée une idée entre le génie et la connerie pure : je vais faire un trou dans le plancher de la caisse pour accéder aux fixations de la boîte. C'est rustique mais efficace, je peux remettre mon boulon et reposer la boîte à sa place, puis serrer le tout. Bon par contre j'ai un gros trou dans le plancher (enfin un carré de 100x100) au milieu, mais ce n'est ni gênant pour moi ou le passager avant, ni dangereux, du coup il va rester là un moment (puis ça peut dépanner). Je crois qu'à terme j'ai fini par riveter un bout de tôle, mais je ne suis même plus sûr.
L'épopée chambérienne n'est pourtant pas finie. En effet on a essayé de me voler ma voiture 3 fois à Chambéry en 2 ans ! Ce qui est bien c'est que les voleurs sont des incapables, ce qui est moins bien c'est que ce sont des incapables
Première tentative
J'étais tombé en panne d'alternateur je crois à ce moment là, et donc j'avais dû laisser ma voiture sur le parking du centre commercial (Chamnord pour ceux qui connaissent, devant le cinéma). J'avais fait appel à mon parrain qui habitait à côté pour me ramener chez moi. C'est aussi chez lui que j'avais trouvé l'outillage et l'aide pour remettre en place ma boîte de vitesse comme expliqué plus haut. J'ai dû laisser la voiture le samedi après-midi. Le dimanche mon parrain vient me chercher et me ramène au centre commercial pour qu'on essaye de voir ce qui ne va pas sur la voiture (moi j'avais pris mes outils). En arrivant je trouve la voiture à moitié fracassée avec des grands coups dans les portes et le coffre. Je suppose qu'ils ont voulu la voler mais que forcément comme elle était en panne ils n'ont jamais pu la démarrer et par vengeance ils s'en sont pris au reste à coups de pieds. Résultat une porte arrière droite défoncée et impossible à réparer (ça explique la porte de charleston sur toutes les photos que vous verrez), et la porte de coffre elle aussi défoncée. Le soucis c'est que la porte de coffre est sur une charnière pour le moins rudimentaire, et que la charnière fait un joli V à 120° : non seulement je ne peux plus ouvrir le coffre, mais en plus la porte est liée à la capote et donc pour changer la charnière (vu que c'est trop compliqué à redresser) je dois changer en fait toute la capote (c'est plus simple que de démonter une capote pour récupérer juste la charnière).
Heureusement dans le bordel à la maison il y a ce qu'il faut et j'arrive à réparer ça, tandis que je récupère une porte de coffre dans un bleu plus clair et la fameuse porte de Charleston (elle je l'aurai à une brocante pour deuchistes qui a lieu tous les ans et organisée par le club). A Chambéry je m'occupe de réparer le problème électrique (je change l'alternateur et le démarreur, trouvés chez un deuchiste du coin) pour pouvoir ramener la voiture à Carpentras. En attendant de trouver les pièces pour la mienne, mon père me prête la sienne et se débrouille avec la mienne (pour son trajet boulot ça suffit, et à la maison elle est plus en sécurité) qui roule très bien mais que je ne peux pas garder car je n'ai pas de parking attribué et surtout j'en ai besoin en entier et fonctionnelle.
Pas de soucis avec la 2CV du paternel (la raid) à Chambéry malgré 2 grosses frayeurs aussi : sachant que je ne ferme jamais la 2CV, mes potes de prépas se sont amusés à la déplacer sur une autre place du parking (j'ai un peu balisé le matin où j'ai voulu la prendre), et une autre fois je l'ai laissé dormir avec les clés dessus dans la rue...
2e tentative de vol
Revenons à Suzie Blue. Enfin réparée, je la ramène à Chambéry. Je me suis levé un matin en cherchant ma voiture des yeux, persuadé que je l'avais laissée sur la place à gauche du portail de la cours. Je tourne la tête et je la vois à droite. Bizarre mais bon ça m'arrive tellement souvent de ne pas me souvenir d'où j'étais garé que je n'y prête pas trop attention jusqu'à ce que je rentre dans la voiture. Je m'aperçois très vite qu'un truc cloche. Mes portes ont du jeu, mais pas à ce point. Eh bien oui mesdames et messieurs, ces abrutis de voleurs ont forcé mes portes qui n'étaient pas verrouillées !! Bravo les voleurs (quand je disais qu'ils étaient incapables). Forcément ça m'a tordu les portes ! La porte conducteur est remise assez facilement, la porte passager ce sera plus compliqué et elle en gardera les séquelles (un gros jour en bas vers l'arrière).
L'autre truc bien moins marrant et plus dangereux, c'est qu'ils ont réussi à la démarrer (ça c'est pas compliqué, je l'ai fait une paire de fois pour m'amuser de la démarrer sans les clés), sauf qu'il y a un Neimann plutôt costaud et qu'ils n'ont pu aller qu'en ligne droite. Sauf qu'ils ont aussi tenté de le forcer et ça s'est mal passé. Le Neimann a tenu, mais pas une des soudures de la colonne de direction. Pour vous expliquer, la colonne est fixées par une tôle pointée 2 fois sur la tôle du tableau de bord. Tout ça n'est pas très épais et donc à force de forcer, une des soudures a cassé net. Je me retrouve avec 2 portes avant amochées et une colonne de direction branlante et plus compliquée à réparer.
Ceci dit je ne suis pas au bout de mes ressources et grâce à l'aide d'un copain de prépa je vais pouvoir réparer. Je me souviens bien que c'était en hiver car il avait neigé un peu et j'espérais aller m'amuser avec la deuche, sauf que le soucis de colonne de direction a rendu ça impossible. Bref je suis donc monté chez mon pote avec lui qui ouvrait la voie au ralenti et avec warning au cas où j'ai un soucis. Une fois chez lui on a exclu la soudure car les tôles étaient trop fines, et finalement on a percé et mis un ensemble vis+écrous et ça a très bien tenu, j'ai pu à nouveau m'amuser avec ma voiture (mais la neige avait fondu entre temps).
3e tentative
Suite à la précédente tentative qui était allé plus loin puisque la voiture avait été démarrée, j'ai décidé de bricoler un anti-démarrage artisanale à base d'un relais que j'activais manuellement avec un trombone via un petit trou dans le tableau de bord, du coup même en faisant les fils au neimann, le courant n'arrivait pas si le relais n'était pas activé (et comme il est derrière le tableau de bord c'était plus compliqué d'aller chercher le + de la batterie pour démarrer). Ça a emmerdé pas mal les gens à qui je prêtais ma deuche, mais c'était super efficace. J'ai donc eu une dernière tentative moins violente où j'ai eu ma porte arrière qui a quand même été abîmée et c'est d'ailleurs à cause de ça que je m'en suis aperçu, mais ça n'a pas eu de conséquence autre cette fois-là.
J'ai ainsi fini ma prépa avec ma deuche qui en a vu des vertes et des pas mures, qui a connu mes copains et quelques cols (notamment la montée mémorable de Chambéry au lac d'Aiguebelette en fin de 1ère année, capotte grande ouverte et coups de soleil en prime !). J'avais aussi commencé à monter mon projet de départ en Maroc pendant cette période. Je savais que j'allais passer mes concours et que tout se finirait assez vite, et je savais que j'aurai besoin d'un truc pour décompresser.
J'ai donc préparé ce voyage avec une vague étude du trajet, mais surtout ce qu'il faudrait faire sur la 2CV, combien ça coûterait pour que je mette des sous de côté... Et finalement je me suis rendu compte que tout seul ce ne serait pas facile et pas forcément rassurant tout le temps. J'ai donc embarqué le frangin dans l'aventure. Lui a 5 ans de plus que moi, il s'appelle Olivier, il est ingénieur chez Airbus et prendra ses vacances en août pour faire ce périple de 6000 km avec moi. Pour lui c'est une aventure qui le branche bien, pour moi c'est l'accomplissement d'un rêve qui trotte dans ma tête depuis que mon père a ramené un jour cette 2CV "raid" qui revenait du raid des baroudeurs, et de 6 mois de préparation psychologique au milieu du stress de la préparation aux concours.
Fin juin mes concours sont passés, je suis plutôt content et je vais devoir attendre les résultats pour savoir ce que je ferai à la rentrée. Je vise l'Ensam en priorité, j'ai laissé tombé l'idée de l'Estaca suite aux conseils de mes proches, mais là j'attends et je n'y pense pas tant que ça car je suis focalisé sur mon voyage au Maroc.
La deuche va subir les modifications essentielles mais rien d'extraordinaire. J'ai installer une plaque de protection sous le moteur avec des entretoises pour qu'elle ne touche pas directement le châssis. Je devais la rehausser un peu mais finalement je n'ai pas le courage. Ce sera une erreur mais pas si pénalisante que ça. La banquette arrière est enlevée et laisse la place à une malle boulonnée au châssis grâce aux fixations des ceintures de sécurité arrière. L'avantage c'est que la malle sera fermée par cadenas et qu'on pourra y stocker un peu de matériel (appareils photos, quelques pièces de rechange).
Je fixe 3 boulons sur un 2e capot qu'on a à la maison pour accueillir une roue de secours, et je fixe une autre roue de secours dans le coffre. Les 2 roues sont verrouillées par un cadenas qui traverse une des tiges filetées qui les tient. J'achète aussi un Jerrican de 20L (soit la contenance du réservoir de la 2CV) pour les longs trajets prévus dans des zones un peu désertes. Il est fixé sur l'aile arrière (à l'intérieur) à l'aide du plaque de zinc pliée à sa forme et boulonnée à la caisse. Là encore un cadenas est installé avec une chaîne pour ne pas qu'on se fasse piquer le jerrican.
Je prévois les pièces essentielles de rechange : tout le circuit de charge (bobine, démarreur, alternateur, régulateur) et quelques autres petites pièces utiles, ainsi que l'outillage nécessaire (dont une mallette à outil toute neuve offerte par mes parents pour mon anniversaire en mai). Mon été est donc assez paisible grâce à la concentration sur ce projet.
Le grand jour se rapproche, les trajets sont plutôt bien figés (on prépare ça à distance avec mon frère qui est à Toulouse), les formalités globales aussi. Il restera à s'occuper de la pharmacie, mais ce sera à Toulouse avant le départ. Une dernière nuit et demain ce sera le début d'un rêve !
A suivre...
Je me rends compte en me remémorant ça que j'ai ressenti un peu la même excitation quand j'ai préparé mon projet Z3 coupé. Ca me trottait en tête depuis longtemps, puis j'ai fait le pas de commencer à mettre les sous de côté pendant 6 mois, et finalement j'ai cherché et trouvé mon bonheur et j'étais tout tendu autant que fou d'impatience et de joie quand j'ai pris le train pour Arras pour aller le chercher
C'est vraiment la même sensation.
